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Affaire
Papon - Octobre 2002
La
Mise en Liberté de Maurice Papon
Le
mois dernier, la libération sucitait ( et sucite encore ) beaucoup
de réactions. Certains ne comprennent pas comment cet homme a-t-il
pu être libéré. Pourquoi cet homme accusé
pour complicité de crime contre l'humanité est-il libre
? Etait-il vraiment malade ? Beaucoup d'entre nous ressente un malaise,
celui du crime impuni. Afin de pourvoir répondre à ses
questions et comprendre le cas Papon, il faut des explications et quelques
rappels.
En
mai 1981, entre les deux tours de l'élection présidentielle,
le journal hebdomadaire "Le Canard enchaîné"
fait paraître un article où l'on parle du bureau des questions
juives, placés sous l'autorité de Papon entre 1942 et
1944, c'est le réveil de la mémoire. En octobre 1997,
aprés une quizaine d'année d'altermoitement procéduraux,
débute le Procés de Maurice Papon, ancien secrétaire
général de la préfecture de Gironde entre 1942
et 1944. Ce procés fut le plus long de l'aprés guerre,
il dura six mois. Les 2 avril 1998, aprés 19 heures de délibéré,
Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle
pour complicité d'arrestation illégales et séquestrations
arbitraires dans la déportation de quatre des douzes convois
de juifs envoyés de Bordeaux vers le Camp de Drancy. Papon fut
le premier accusé a être libre durant son procés.
Toujours libre, en octobre 1999, Papon s'exile en Suisse pour protester
contre une procédure qu'il juge inéquitable aprés
quoi il fut emprisonné à la prison de la Santé,
cellule 129, à Paris.
Le Mercredi 18 septembre 2002, aprés trois ans d'emprisonnement,
Papon sort libre en bénéficiant d'un amendement de la
loi Kouchner qui permet au détenu-malade de pouvoir sortir de
prison afin de mourrir prés de sa famille. Papon bénéficie
encore cette fois-ci de l'exclusivité.
Papon
était-il grabataire et impotent ? Devons nous nous interroger
sur la maniére dont il aurait du sortir de prison pour prouver
son état, sur l'origine et le degré de sa maladie qui
justifierai sa remise en liberté, sur cette fameuse loi kouchner
? Assurément non. Nous ne sommes pas médecins et ne pouvons
pas juger de son état, ce débat n' a rien d'utile.
La France est un état respectueux des droits de l'homme, de ce
fait, même dans le cas extrême du crime contre l'humanité,
il y a un moment où le souci de l'humanité peut prévaloir
sur celui du crime. Bernard-Henry Lévy a écrit : "La
Justice n'est pas la vengeance, même les salauds ont droit au
Droit; cette morale même dont , en leur temps, ils refusérent
le bénéficice à leurs victimes, c'est l'honneur
de celles-ci de leur offir aujourd'hui les garanties."
La
question doit se recentrer sur Papon, l'homme qui a sur la conscience
plus de morts que tous les criminels de nos prisons, est le premier
à bénéficier de cette loi Kouchner. Act UP, le
MRAP (Mouvement pour la solidarité entre les peuples) et de grandes
personnalités soulignent que les prisons françaises regorgent
de prisonniers moins coupable que Papon mais plus grabataire que lui,
de malades du SIDA encore plus incompatible avec le maintient en détention
que ce que laisse entendre le rapport sur l'état de santé
de Papon. Pourquoi ce salaud et pas eux ?
Sa
libération n'est pas sa réabilitation, il est toujours
coupable de complicité de crime contre l'humanité. Il
n'est pas pardonné de ce qu'il a fait d'un coup de crayon, le
pardon ne se donne qu'a celui qui l'a demandé, or Papon n'a rien
demandé, il n'a jamais reconnu ses forfaits.
Et dés sa mise en liberté, son avocat Me Francis Vuillemin,
a précisé qu'une procédure de rééxamen
du procés sera effectuée. Ouvrant ainsi la voie à
un nouveau procés.
Cette mesure d'humanité, la libération de Papon, risque
de tourner à une révision de toutes les instutions de
notre pays. En effet, la France vient d'être condamné en
Juillet par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour "procés
inéquitable" suite à une plainte déposé
par les avocats de Papon en janvier 2000. Le seul but étant de
faire de Papon une victime de l'acharnement judiciaire pour ainsi dire
: un marthyr.
Pour l'instant aucun autre déténu-malade n'a pu bénéficier
de la loi Kouchner.
Adrien Soissons
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Maurice
Papon du Vichisme au Gaullisme

Arrêt
Papon Contre la France
Arrêt
de la libération de Papon
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